A l’Est, des forces retranchées, des espaces confinés, des régiments cantonnés, des repos limités, des zones exposées, un espace-temps propice à la crispation et à la haine, angoissant, où la mort arrive de front.
En Bourgogne, loin des lignes, comment s’est organisée la mobilisation, que fait-on d’un espace où la population est diminuée de moitié, dans quel état reviennent les régiments, pour y faire quoi, comment s’organise la vie civile, économique, politique et culturelle ?
Comment chacun, lorsqu’il est confronté à la disette, aux rigueurs des hivers, au froid, à la faim, à la maladie, aux blessures du corps ou de l’âme, à l’absence des êtres chers, à l’impossibilité de dire ou de communiquer, à l’ennui, à l’attente, aux incertitudes, à la peur, et qu’il comprend que la situation s’installe dans une guerre où les belligérants se disputent mètre carré après mètre carré, comment chacun, donc, se révèle en capacité de mobiliser un instinct de survie et de développer un art des expédients qui rendent la vie supportable et restitue aux hommes une part de dignité ?
- de février à novembre 2015